Le Père Emmanuel d’Alzon, notre fondateur
Emmanuel d’Alzon est né dans les Cévennes, région fortement marquée par le protestantisme, et cette cohabitation avec une religion rivale, loin de le rendre plus fragile dans sa foi, ne fit que l’ancrer avec plus de force dans le catholicisme.
Après des études au séminaire de Montpellier puis à Rome, où il fut ordonné prêtre le 26 décembre 1834, il revint en France où il fut nommé vicaire général du diocèse de Nîmes, poste qu’il devait occuper pendant quarante-quatre ans, au service de quatre évêques.
En 1844 il reprit à Nîmes le Collège de l’Assomption, destiné aux enfants de l’aristocratie et qui fut à l’origine de sa congrégation. Cette appellation est d’ailleurs caractéristique car l’Assomption n’était alors officiellement qu’une pieuse croyance, même s’il était déjà périlleux de la nier, et elle faisait froncer le sourcil des érudits si elle enthousiasmait les simples. Par son langage, volontiers populaire, et par ses idées, il s’opposait non seulement à l’anticléricalisme délicat d’Anatole France mais aussi à Monseigneur Dupanloup, tel que le peint Renan, pour qui une bonne éducation classique était le complément naturel du catholicisme. Il collabora volontiers avec dom Guéranger, Louis Veuillot, et d’autres militants du catholicisme. La Revue de l’Enseignement Chrétien, qu’il fonda et dirigea, s’attacha à réintroduire l’esprit chrétien dans les études classiques et, pour combattre le protestantisme dans la France du Sud, il créa l’association Saint-François de Sales.
Avec des prêtres de Nîmes, sur la demande de Mgr Plantier, il vint à Rome chez le souverain pontife. C’était le commencement des grands pèlerinages français appelés pèlerinages nationaux, dont les directeurs furent pendant de nombreuses d’années des religieux de l’ordre fondé par le Père d’Alzon. Ses « alumnats », ou écoles apostoliques, permirent de faire des études à des enfants pauvres appelés au sacerdoce, mais qui, faute d’argent, n’auraient pu être admis dans les séminaires. Les pères de l’Assomption ouvrirent quinze de ces maisons qui en vingt-cinq ans fournirent plus de 500 prêtres au clergé séculier. Pour soutenir ce travail de charité, le Père d’Alzon fonda l’association Notre-Dame des Vocations, enrichie de nombreuses indulgences par Pie IX et Léon XIII. La confrérie, par un diplôme du Saint-Siège fut établie canoniquement dans la chapelle de l’Université de Nîmes, et reçut l’approbation de nombreux évêques. Le Père d’Alzon fut très estimé par les papes Grégoire XVI et Pie IX. En 1863 ce dernier l’envoya à Constantinople pour fonder en Orient des missions de la Congrégation de l’Assomption. C’est pour répondre à cet appel précis qu’il fonda en 1865 la congrégation des Oblates de l’Assomption, religieuses missionnaires qui devaient collaborer avec les augustins de l’Assomption.
Plus d’une fois on proposa au père d’Alzon l’épiscopat, mais il déclina toujours cet honneur, préférant se consacrer à sa congrégation.