Emblème de l’Assomption française, la Croix de Saint-Maur nous vient de l’abbaye de Saint-Maur, non loin d’Angers, ancienne abbaye bénédictine où les Assomptionnistes furent présent durant plusieurs décennies à travers un alumnat (petit séminaire) puis une maison d’accueil.

De l’église abbatiale Saint-Sauveur de Glanfeuil, consacrée en 1036 et disparue à la fin du XIXme siècle, il ne reste que le sommet de la façade. La croix d’inspiration celtique qui couronne ce mur pourrait être du IXme siècle (d’où son appellation de « carolingienne » ) ou du XIme siècle.

Le motif central est un pur chef-d’œuvre. Son symbolisme biblique s’éclaire à la lecture de la Première Lettre de saint Jean

Bien-aimés, aimons-nous les uns les autres, puisque l’amour vient de Dieu et que quiconque aime est né de Dieu et connaît Dieu. Celui qui n’aime pas n’a pas connu Dieu, car Dieu est Amour. En ceci s’est manifesté l’amour de Dieu pour nous : Dieu a envoyé son Fils unique dans le monde afin que nous vivions par lui. En ceci consiste l’amour : ce n’est pas nous qui avons aimé Dieu, mais c’est lui qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos péchés. Bien-aimés, si Dieu nous a ainsi aimés, nous devons, nous aussi, nous aimer les uns les autres. Dieu, personne ne l’a jamais contemplé. Si nous nous aimons les uns les autres, Dieu demeure en nous, en nous son amour est accompli. A ceci nous connaissons que nous demeurons en lui et lui en nous : il nous a donné de son Esprit. Et nous, nous avons contemplé et nous attestons que le Père a envoyé son Fils comme Sauveur du monde. Celui qui confesse que Jésus est le Fils de Dieu, Dieu demeure en lui et lui en Dieu. Et nous, nous avons reconnu l’amour que Dieu a pour nous, et nous y avons cru. Dieu est Amour: celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. Quant à nous, aimons, puisque lui nous a aimés le premier. Si quelqu’un dit : «J’aime Dieu» et qu’il déteste son frère, c’est un menteur : celui qui n’aime pas son frère, qu’il voit, ne saurait aimer le Dieu qu’il ne voit pas. Oui, voilà le commandement que nous avons reçu de lui : que celui qui aime Dieu aime aussi son frère. (Jn. 4,7-16.19-21)

Le cercle central qui donne consistance à tout le reste voudrait faire penser à Dieu : le cercle, infinité de Dieu mais aussi le Dieu de l’Alliance (bague de mariage)

Les bras de la croix dessinés en forme de cœurs par un entrelac continu font penser à l’amour. On aurait ainsi l’affirmation : « Dieu est amour » Les cœurs semblent jaillir du cercle comme de leur source: « L’amour vient de Dieu. »

Leur retour au centre du cercle : « Celui qui demeure dans l’amour demeure en Dieu et Dieu demeure en lui. »

Le carré formé par la réunion des cœurs dans le cercle évoque la Communauté chrétienne qui est l’Église, rassemblée dans et par l’amour de Dieu, selon le commandement du Seigneur : « Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés. »

L’Église devient ainsi l’amorce de la Cité du ciel, la Jérusalem nouvelle dont l’Apocalypse nous dit: « Elle dessine un carré » (Ap. 21, 16).

Cette Croix dit aussi le double mouvement de toute vie chrétienne : le ressourcement en Dieu, par la prière et la contemplation « Demeurez en moi » (Jn. 15,4), et la mission vers l’extérieur, pour dire au monde la Présence et l’Amour de Dieu : « Allez ! … Vous serez mes témoins » (Ac. 1,8).

La double ligne peut évoquer la complémentarité homme-femme de l’humanité venue de Dieu et qui retourne à Dieu, on y retrouve donc le thème de l’Alliance… Ou encore la double nature de Jésus- Christ Homme-Dieu lui qui nous ouvre ce chemin de nos origines et de notre fin en Dieu.

On comprend dès lors que cette croix, connue à Lyon par le biais de la communauté assomptionniste de Valpré, ait servi de logo lors du voyage du pape Jean-Paul II à Lyon en octobre 1986.

Depuis 2000, cette croix est devenue également le logo des Augustins de l’Assomption à l’occasion de la fête de leur 150 ans